XV: Antoine Dupont se lance de nouveaux défis sur les terrains du Top 14 et en Bleu

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Voilà, c’est terminé. Même les génies n’ont pas droit à des vacances éternelles. Plus de dix semaines après son dernier match officiel, cette fameuse finale olympique de rugby à 7 remportée face aux Fidji, le 27 juillet (28-7), Antoine Dupont a repris pour de bon l’entraînement avec son club du Stade Toulousain, ce lundi.

Le joueur, qui a su s’entretenir pour rester en bonne forme, devrait vite retrouver les pelouses du Top 14, peut-être dès samedi face à Clermont, de façon à disputer deux ou trois matches avant de rejoindre les Bleus à la fin du mois à Marcoussis (Essonne), pour préparer les tests internationaux de l’automne.

Qu’a-t-il fait de son été ?

Il a beaucoup célébré sa médaille d’or, ce rêve olympique qu’il caressait depuis tout petit. Après avoir suivi quelques épreuves des JO, il a d’abord filé plusieurs jours à Ibiza (Espagne) avec ses partenaires de France 7 pour fêter le titre et notamment soigner son déhanché sur la musique du DJ français Martin Solveig.

De retour à Paris, il a ensuite été choisi comme porte-drapeau de la délégation française à la cérémonie de clôture des Jeux, le 11 août, en compagnie de la cycliste Pauline Ferrand-Prévot. Il était encore là à la parade des champions du 14 septembre, place de l’Étoile, à Paris. Présent aussi à celle du 18 septembre qui célébrait les athlètes toulousains, médaillés ou pas, place du Capitole.

On l’a vu également à Barcelone, début septembre, au soutien du Défi français Orient express, lors de la Coupe de l’America, ou encore aux États-Unis, ces deux dernières semaines, où il est passé d’une initiation au football américain chez les Chargers de Los Angeles à une séance d’entraînement à Miami avec l’ancien footballeur français Blaise Matuidi, en passant par une pose photo avec la star de la NBA LeBron James.

Depuis début septembre, Dupont s’est même régulièrement entraîné avec ses coéquipiers toulousains sur ses jours de congés. « C’était cool de le revoir, observait récemment le deuxième-ligne Thibaud Flament. Il nous apportait cette énergie positive sur laquelle il surfe depuis les Jeux Olympiques. » À chaque fois, Dupont participait à l’intégralité de la séance, sans jamais donner l’impression de souffrir d’un quelconque décalage physique avec ses partenaires. Il semblait déjà affûté, comme s’il n’avait jamais arrêté de s’entraîner depuis les Jeux.

Comment Toulouse va-t-il le gérer ?

Dupont n’a passé que 1820 minutes en compétition sur les terrains la saison dernière, tournois à 7 exceptés. Soit l’équivalent de deux à trois matches de moins que les deux saisons précédentes (2079 min en 2021-2022 et 2073 min en 2022-2023). Il n’a ainsi disputé que 22 matches avec son club, dont 14 sur 28, soit la moitié, en Top 14. C’est relativement peu, ce qui explique en partie sa fin de saison pleine de jus.

Dans un monde parfait, c’est-à-dire avec des remplaçants qui font le job pendant les doublons, le club rouge et noir aimerait rester sur les mêmes bases avec son joueur vedette. Dupont jouerait la Coupe des champions, un match sur deux, voire même un peu moins, en phase régulière du Championnat, l’éventuelle phase finale qui suit, et basta ! Le plus dur sera peut-être de convaincre l’intéressé de s’astreindre à ce régime allégé.

« Antoine, à partir du moment où il passe la barrière de l’entrée du stade, il veut jouer, s’amuse le manager général toulousain Ugo Mola. Après, il y a des moments où tu peux lui dire ”OK”, et d’autres où tu dois lui dire que ce n’est pas judicieux parce qu’il doit penser à sa récupération. Antoine n’est pas difficile à gérer parce que sa principale activité, le rugby, reste au centre de l’intérêt commun. Donc, on trouve toujours des compromis. »

Le verra-t-on au poste de centre ?

L’idée vient d’Ugo Mola. Il l’avait déjà évoquée la saison dernière, mais sans vraiment entrer dans les détails.

« Antoine, on l’a souvent utilisé en 9, parfois en 10, mais on a aussi dans l’idée de le faire jouer ailleurs dès son retour des Jeux Olympiques, disait-il. Pour nous, c’est un joueur qui n’a pas réellement de poste dès que le jeu s’anime. En fait, il peut occuper plusieurs positions dans l’équipe en fonction de nos besoins collectifs. Mais que ce soit en 9, 10, 13 ou 15, il pourrait être international. Quand le jeu s’emballe, j’aime bien le voir très vite avec le ballon dans les mains. »

La possibilité de voir Dupont avec la 13 dans le dos est donc bien réelle. L’occasion se présentera tôt ou tard. Ce lundi, durant l’opposition, le joueur a d’ailleurs alterné entre le poste de centre et celui… d’ailier. Lui qui n’est jamais aussi fort qu’avec un peu d’espace devant lui ne verrait probablement aucun inconvénient à cette mutation.

On se rappelle de ce que nous disait son frère Clément, un jour de visite à Castelnau-Magnoac, le fief des Dupont :

« Demi de mêlée n’est pas le poste rêvé d’Antoine, parce que c’est un poste où tu dois beaucoup faire jouer les autres et rarement jouer pour toi. Ça ne correspond pas instinctivement à son jeu. D’ailleurs, il a quand même plus joué 10 ou centre à ses débuts, au moins jusqu’en cadets. Ce n’est qu’à Auch, en Crabos, qu’il a commencé à jouer 9 parce qu’il était le plus petit. Puis il est repassé en 10, notamment à Castres, au début. »

« Tous les mecs qui sont ici ont des polyvalences, nous expliquait également un jour Jérôme Cazalbou, manager du haut niveau du Stade Toulousain. Alors, pourquoi s’interdire à un moment donné d’utiliser cette polyvalence pour perturber l’adversaire ? Peut-être qu’un jour Antoine finira à un autre poste que 9 parce qu’il aura envie, comme les entraîneurs, de changer quelque chose dans le système. Mais ça sera toujours en gardant la même identité de jeu. »